mercredi 19 mai 2010

Voyage à Jinan (Chine)






L’université à laquelle j’appartiens Evry Val d’Essonne a signé un accord de partenariat avec l’université De Shandong à Jinan. C’est dans le cadre de cette coopération que je suis allé passer une semaine en Chine et plus précisément à Jinan (南/濟南).
Shandong est l’une des provinces de la Chine, situé au Sud de Pékin, elle comprend 90 millions d’habitants, Jinan (2,2 millions d’habitants) en est la capitale administrative. C’est dire au regard de notre « Petite France de 60 millions d’habitants »…combien le gigantisme chinois n’est pas un vain mot !
C’est une région composée de plaines sur le littoral, traversée par la vallée du Fleuve Jaune, avec d’importantes montagnes en son centre avec le mont Taishan qui culmine à 1545 m.
Un premier voyage en Chine est une expérience dense et riche, d’autant plus qu’il se fait dans un cadre professionnel et non pas sur une base purement touristique. On rentre ainsi de plein pied dans la société chinoise avec ses us et coutumes, ses qualités et ses travers, sans le prisme du regard patrimonial propre au voyageur-visiteur. Etre acteur de la société civile d’une certaine manière (sans exagération, 10 jours c’est un peu court) est un vecteur efficace d’interprétation de la société chinoise.
La tête pleine de clichés à la manière européenne on est très vite dépassé par la réalité qui s’impose : une ville moderne, agréable et pourquoi ne pas le dire élégante. Les cohortes de chinois à vélo ont laissé la place à de bonnes automobiles modernes et sur les pistes cyclables à des vélos électriques la plupart du temps.
A la périphérie de la ville desservie par de larges autoroutes urbaines ce sont de vastes chantiers d’immeubles imposants en voie de construction qui s’étendent à perte de vue. La ville croît très rapidement en absorbant une population rurale très pauvre qui vient y chercher de quoi partager la « part du gâteau » que visiblement seule la ville s’octroie.
La nuit les immenses façades urbaines s’animent d’un feu d’artifices de néons et d’images animées mis en place à l’occasion des jeux olympiques. On ne peut qu’être impressionné par ce sentiment d’extrême modernité qui s’accroit dès qu’il s’agit de prendre un train, un avion ou un bus. Gares ferroviaires, autoroutières et aéroports sont non seulement neufs et rutilants mais toujours très racés, la patte d’architectes de talents et plein d’imagination y est visible.
Mais pour autant la Chine traditionnelle est toujours présente envers et contre tout. Même si la volonté d’un état centralisateur et autoritaire « écrase » les traces de toute urbanité anciennes, la ville conserve naturellement sur ses hauteurs « la colline aux milles bouddhas » féérie de temples haut en couleur et lieu d’une ferveur religieuse, voire superstitieuse que la rumeur, plus bas, d’une ville de plein pied dans le troisième millénaire ne saurait éteindre.
Je ne peux passer sous silence l’excellence de l’art culinaire de la province de Shandong, invité par l’université chaque repas était l’occasion d’une nouvelle rencontre et d’une autre cuisine. De ce festival de mets raffinés il me reste le souvenir d’une très grande qualité et de l importance que le repas revêt au regard de votre hôte. Le repas est nécessairement collectif, impensable que chacun puisse faire sa propre commande pour sa propre consommation. A peine installé votre hôte passe lui même commande d’une succession de plats qui atterrissent rapidement et encombrent très vite une table devenue toute petite où chacun se saisit, baguette à la main de ce qui le tente, bien qu’il soit de bon ton de tout goûter et bien entendu de tout apprécier.
A de rares exceptions l’effort est inutile tant tout est bon et goûteux. Le vin est rare, il est de principe pour les diners officiels, alors que la bière chinoise s’impose pour les autres repas, le thé si on le souhaite, quant à l’eau, si on la commande il ne faut pas s’étonner qu’elle arrive la plupart du temps chaude… explication comme elle est « incertaine » (la modernité semble s’arrêter au seuil de la voirie des eaux) il est préférable de se protéger en la consommant chaude, très chaude.
Je confirme donc l’adage général qui veut bien admettre que la cuisine chinoise est l’une des plus grande au monde (il me vient soudainement difficile de fréquenter les restaurants dits chinois à Paris….). J’ai essayé de mémorise certaines recettes culinaires pour les adapter à mes propres mœurs alimentaires.
S’il fallait retenir un seul établissement, le souvenir de ce restaurant situé à même un parking de voitures souterrain s’impose tant par sa situation pour le moins singulière (qui s’attend à voir un établissement culinaire au fond d’un parking, vitrine ouverte directement sur le parc automobile ?) que par sa spécialité exclusive de poissons et de crustacés. Les tables y sont basses et les tabourets durs, on y choisit son menu à travers un important étal recouvert de glace avec toutes sortes de poissons, de coquillage et de crustacés. Je me souviens particulièrement du poisson à peine retenu et pesé sur une balance aérienne, aussitôt cuit et si savoureux.
Pour qui, par le plus grand des hasards se rendrait à Jinan, il se situe dans le parking du stade olympique.
A l’autre bout de la chaine alimentaire se situe les étals improvisé au départ de la nuit, barbecues sommaires, planches posées à la hâte pour composer quelques tables aussi incertaines que bancales, et l’on y mange pour peu de somptueuses brochettes et des brioches fourrées d’herbes de viandes et de nouilles, l’atmosphère est généreuse, simple et pleine de chaleur humaine.
Les chinois sont curieux et communiquent facilement avec les étrangers qui semblent les captiver au point de demander à se faire photographier avec eux. Ah la photo… elle est omniprésente, les étudiants qui veulent se faire prendre avec le professeur, la fin du concert de musique où tout un chacun a le bon motif pour demander la photo, la photo est partout, c’est un signe, le parchemin qui signe la connivence, l’acte pacificateur qui marque l’instant et le rend à la fois solennel et amical, au moment de la photo c’est la main qui se glisse dans le dos, chaude, presqu’érotique mais furtive. La photo, toujours la photo qui accumule les visages et les rencontres et qui finira on ne sait où exactement, comme si le plus important ce n’était pas finalement le moment de l’immortalisation que le résultat final, objet sommes toute très résiduel.
(à suivre….)

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