jeudi 28 août 2008

lettre en provenance du futur

Lettre à Julien Signol


Paris, le 26 avril 2030


Cher Julien,


Comme je te sais toujours aussi investi et féru de nouvelles technologies et pour te distraire de ta retraite de travail, je tenais à te narrer par le menu détail l’aventure que j’ai vécue il y a de cela deux ou trois jours.
Je connais un certain passage à vide depuis quelques mois, les tournages se font de plus en plus rares, et quand bien même j’obtiens un cachet de quelques jours pour une mini série au petit format, ce n’est pas très bien payé. En fait le cachet est au format de la diffusion : de la taille d’un téléphone multimédia.
Je tourne aussi de moins ne moins pour la pub, qui me ravitaillait pourtant de façon fort utile. Mais la production travaille de plus en plus en image de synthèse et ils font tourner à fond la caisse leurs ordinateurs.
Aussi lorsque j’ai été contacté par le secrétariat d’un agent artistique, la surprise fût plutôt bonne, bien que celui-ci se révéla être d’un drôle de gabarit. Comme tu le sais je n’ai plus d’agent pour me suivre depuis un bon moment, vu la manière dont ma carrière patine.
Ce type s’appelle Dorian Greswood et son bureau est à Issy-les Moulineaux dans la Nouvelle Plaine « André Santini » qui regroupe les entreprises de Haute Technologie de la région parisienne…
N’ayant rien à perdre et plutôt surpris que l’on puisse faire appel à moi je me rendis au rendez-vous. Après avoir attendu une dizaine de minute, la secrétaire au look particulièrement branché m’introduisit auprès de Dorian Greswood.
Derrière un bureau blanc à la ligne épurée et vide de tous papiers, se tenait un jeune type d’une trentaine d’année, il me fit signe de m’asseoir.

-« Monsieur Verdi, merci d’avoir répondu si vite à mon invitation. »
- « De rien, cher Monsieur, mais je vous avoue que je suis un peu intrigué par votre démarche. Qui vous a communiqué mes coordonnées ?
- « En fait personne, ou du moins il s’agit d’une base de données où je vous ai trouvé à partir d’une sélection multi-critère. »
- « Puis-je vous demander quels étaient les critères en question ? »
-« Bien sûr, il n’y a rien de secret en cela, je cherchais un homme, la cinquantaine, d’un mètre quatre vingt, soixante quinze kilo, les yeux bleus, un peu dégarni, comédien bien sûr, mais qui surtout, je m’en excuse d’avance, n’a pas connu une carrière particulièrement marquante, en fait qui soit peu connu du public. »
- « Je suis loin d’être le seul dans ce cas, pourquoi moi ? »
-« Et bien monsieur Verdi…. En fait j’ai pu constater sur la base que vous n’aviez pas travaillé depuis un bon moment. »
-« Vous voulez sans doute dire que je suis sur la touche et que cette mise à l’écart dure depuis plusieurs mois. »
-« En effet et c’est pourquoi je suis prêt à vous faire une proposition financière qui devrait vous intéresser. »
-« Je vous écoute très attentivement ».
-« En fait je dirige un agence artistique d’un genre un peu particulier, mais très adaptée aux nouvelles exigences de la production audiovisuelle actuelle, de la concurrence que vous savez sévère avec les pays de l’Est. Je mets à disposition des productions des comédiennes et des comédiens virtuels…
-« Virtuels …. Je ne comprends pas bien, vous faites allusion à de la motion capture, si c’est le cas j’ai une certaine expérience, j’ai commencé ce type de travail il y déjà une vingtaine d’année… »
- « Ce n’est pas tout à fait la même chose, le contrat que je vous propose comprend la cession totale de votre image…nous avons technologiquement aujourd’hui la possibilité de vous enregistrer en tant que personne, de faire de vous d’une certaine manière ce que l’on appelle un « avatar », si vous pratiquez les jeux vidéo, vous voyez ce que je veux dire. »
-« Mais qu’elles sont les conditions exactes de la cession ? »
- « Bien entendu, étant propriétaire exclusif de votre image, vous ne pourrez plus vous proposer comme comédien, mais il vous restera la voix, vous pourrez toujours faire du doublage. »

Ainsi cher Julien, ai-je vendu mon âme au diable pour trouver provisoirement une paix matérielle.

J’espère que du fonds de ta savane africaine, ton travail avance, loin des avanies du monde moderne et que tu nous reviendras paré d’une belle symphonie.



Fabrice.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est exactement ce que j'aime lire! Y aura-t-il une autre lettre en provenance du futur? ou un livre en prose sur la toile? Dans cette attente... SB

les heures... les jours....les années a dit…

Qui es tu mystérieux SB?
Un livre sur la toile pourquoi pas