jeudi 31 mars 2011

François Hollande : portrait d’un homme décidé.


Enfant du baby boom, né le 12 août 1954 à Rouen il incarne parfaitement cette génération de l’après guerre. Une génération qui a grandi intellectuellement avec la VIème république et sous l’ombre tutélaire de quelques grandes figures de l’histoire d’après guerre : le Général de Gaulle, François Mitterrand et celui qui fut son mentor Jacques Delors. On peu rêver pire comme sources d’inspiration ! D’autant plus que son père, médecin notable de Bois-Guillaume était un fervent partisan de l’Algérie française ! Petite enfance, sans trop d’histoire, de fils de notable provincial : pensionnat Jean-Baptiste –de-la-Salle à Rouen, puis le lycée Pasteur à Neuilly-sur-Seine. Sous le berceau de ces « douces fées » il s’envole, brillant (déjà) et amasse les diplômes : licence de droit à Paris, puis HEC, l’Institut d’études politiques de Paris et enfin le saint des saints : l’Ecole Nationale d’Administration (promotion Voltaire, où il croise, outre Ségolène Royal : Frédérique Bredin, Jean-Marie Cambacérès, Renaud Donnedieu de Vabres, Michel Sapin et Dominique de Villepin entre autres, de quoi se faire un beau carnet d’adresse). N’en déplaise à son égo, il ne sortira pas premier mais 7ème de sa promotion. Mais l’ENA sera surtout le berceau de sa saga familiale puis qu’il y rencontrera sa compagne d’un long chemin (et dont il n’imaginait pas les ennuis qu’elle lui causerait…!). C’est en 1970 (un an avant le congrès d’Epinay fondateur du parti socialiste moderne) qu’il se met en ménage (ils ne seront jamais mariés, pour garder leur capacité d’action politique, surtout d’être chacun député, mari et femme ne pouvant pas siéger ensemble à l’Assemblée). Ils auront tout de même quatre enfants ensembles ; ce qui en dit long sur l’aventure sentimentale qui fut la leur. Trente sept ans plus tard le 17 juin 2007 ils officialiseront leur séparation, déjà effective depuis un bon moment. Mais la campagne présidentielle de 2007 avec la candidature de Ségolène sous les couleurs socialistes ne leur avaient pas permis de « pointer » définitivement leur séparation. Retour en arrière, pour ses premiers pas en politique : alors qu’il préside la section de l’UNEF à l’Institut d’Etudes politiques, c’est en 1974 que François Hollande entre à HEC Paris et préside le comité de soutien à François Mitterrand, candidat à la Présidence. C’est le premier pas, décisif d’une belle carrière politique. Comme il le fit pour nombre de personnalités, c’est Jacques Attali qui le présente à Mitterrand dont il devient le conseiller économique. Entre temps, sorti de l’ENA (en 1980) il intègre la cour des comptes comme auditeur. Les choses se précipitent pour lui, apprécié de François Mitterrand on le propulse aux législatives de juin 1981 dans al circonscription d’Ussel contre…. Jacques Chirac ! Il sera sévèrement battu dès le premier tour avec seulement 26% des voix contre un peu plus de 50% à Chirac. En attendant des jours électoraux meilleurs il enchaine les postes dans les cabinets ministériels : directeur de cabinet de Max Gallo et Roland Dumas. Il bute une fois encore sur les succès électoraux et ne réussit à se faire élire que conseiller municipal d’Ussel. Tenace le garçon, il en tirera bientôt tous les bénéfices. Politiquement il ne se reconnait pas dans la multitude courants qui « ravagent » le Parti socialiste d’avant 1981 et d’après 1981. Aussi en 1984 naturellement il fonde avec ses amis Jean-Michel Gaillard, Jean-Yves Le Drian et Jean-Pierre Mignard un nouveau courant : celui des transcourants ! La persévérance et l’intelligence politique feront qu’en 1988, dans la foulée du deuxième septennat de François Mitterrand, il est enfin élu député de la 1re circonscription de la Corrèze, celle de… Tulle, avec tout de même 53% de suffrages. En 1990 il sort du bois, politiquement parlant et se range derrière la motion Mauroy-Mermaz-Jospin au fameux congrès de Rennes. Battu aux législatives, il fait l’apprentissage des revers en politique et prend la présidence du club de Jacques Delors dont il s’est rapproché : « le club témoin » ; il en est encore aujourd’hui le Président d’honneur. La vie politique suit son chemin, Mitterrand est sur le déclin, c’est en 1994 qu’il deviendra le secrétaire national en charge des affaires économiques. Le retrait de la vie politique annoncé par Jacques Delors le laisse désemparé. Il se ressaisit et se rapproche de celui qui lui semble le mieux incarner son idéal social démocrate : Lionel Jospin dont il sera le porte parole lors de sa première campagne présidentielle. Il devra attendre le succès de « la potion » jospinienne dit « gauche plurielle » de 1997 pour qu’il retrouve son siège à l’Assemblée nationale. Jospin Premier ministre ne le prend pas dans son gouvernement mais lui confie les clefs de la rue de Solferino, il devient le très important Premier Secrétaire du Parti Socialiste. Il fait un étrange « aller retour » à Bruxelles en se faisant élire député européen en 1999, puis y renonce préférant son mandat national. Mitterrand lui a insufflé son goût naturel pour le terroir, un homme politique se doit d’appartenir à une terre, il complète sa formation et devient en 2001 (après deux tentatives) maire de Tulle avec 53% des voix dès le premier tour. Son histoire d’amour avec la Corrèze devient définitive et elle est réciproque. Il résistera à l’effondrement de la gauche en juin 2002 en conservant son siège de député. Jospin fait la révérence et se retire un peu honteusement de la vie politique après son élimination dès le premier tour à l’élection présidentielle de 2002 derrière Jean-Marie Le Pen. Cette fois, François Hollande devient le véritable patron de la rue de Solferino. De tous les élèves de François Mitterrand, il est celui qui a le plus appris de lui. Il avait déjà une solide culture générale, il a compris la nécessaire humilité de l’après défaite, la certitude que rien n’est jamais « consommé », qu’une « terre » et nécessaire à une carrière politique aussi bien pour assurer sa continuité politique que pour garder le contact avec la réalité et les « vrais gens ». Le temps, il a su aussi le « discipliner », l’apprivoiser…il évite (parfois cela lui coûte comme à la présidentielle de 2007) de se précipiter. Sur cette longue période où il préside aux destinées du PS il ordonnance les idées des socialistes et bâtit son programme. Il réussit plutôt bien en mars 2004 les socialistes remportent une vaste victoire aux régionales et prennent le contrôle de 20 des 22 régions métropolitaines et en même temps endossent la présidence des deux tiers des départements. Et il enchaine la même année sur les élections européennes où le PS enregistre l’un de ses meilleurs scores : 28,9% des suffrages. 2004, le référendum sur la constituions européenne vient troubler la « belle machine », Laurent Fabius en basculant dans le camp du non sème une rancœur expugnable dans les rangs socialistes. Ce référendum est sa première vraie épreuve et l’oblige à remanier son secrétariat national en fonction des positions prises par les uns et les autres, mais il est condamné à conserver Laurent Fabius comme son second.. Animal politique, il rebondit et sort renforcé du congrès du Mans en 2005 avec sa motion dont sont cosignataires : Martine Aubry, Dominique Strauss Kahn ; Bertrand Delanoë et… Ségolène Royal. Sa motion l’emporte avec 54 % des suffrages exprimés. Homme de consensus, il propose et obtient la synthèse avec les autres courants minoritaires. Il est ainsi élu Premier secrétaire du Parti Socialiste avec 76,96 % des voix. Mitterrand, s’il était encore là, n’aurait pu qu’admirer le travail de son élève. 2006 va être l’année de la « grande erreur »… alors qu’il a tout en main, il est le Premier secrétaire incontesté du Parti Socialiste et qu’à se titre comme dans toutes les autres démocraties européennes, chef du principal parti de l’opposition, il se devait d’aller à la bataille, il tergiverse. Les ambitions de son déjà ex-compagne l’embarrasse, Ségolène se lance à la conquête des « primaires » - la machine à perdre - . Il s’imagine comme un recours face à ce qu’il appréhende comme une bataille des chefs entre Ségolène Royal, Laurent Fabius et Dominique Strauss Kahn. Erreur, Ségolène l’emporte sur ses deux adversaires à la surprise de François Hollande et il s’en suit la calamiteuse campagne présidentielle que l’on a connue. Ségolène se fait battre à 47 contre 53 % des voix par Nicolas Sarkozy alors que les indicateurs étaient plutôt au vert pour les socialistes. Vient 2008, François Hollande revient à sa « terre », la Corrèze, élu aux cantonalex de cette année là, il emporte la présidence du département contre le président sortant UMP. De la fumeuse et tumultueuse bataille du congrès de Reims où l’on voit s’opposer Ségolène encore entourée de ses troupes à Martine Aubry qui rallie à elle l’ensemble des caciques du parti pour gagner le congrès à 50% +une centaine de voix contestables et contestée. François Hollande se tiendra à l’écart de ces mauvais jours et il a bien eu raison. Martine Aubry devient première secrétaire ardemment soutenue par Laurent Fabius et ses troupes tandis que Dominique Strauss Kahn se laisse attirer par les lumières artificielles du FMI qui le piègent peu à peu. 2011 après un sévère régime qui le rajeunit et une brillante réélection à la tête du département de la Corrèze François Hollande tente de rattraper le temps perdu en se présentant aux primaires que le parti socialiste va tenter d’organiser à nouveau, la leçon n’ayant servit à rien. Il a travaillé aux idées en sortant un excellent ouvrage : «Droit d’inventaire », il a fait le tour des fédérations, il dispose d’un réseau de permanents et d’élus importants. Les sondages lui donnent désormais une bonne place aux côté de Martine Aubry. Cette dernière ne manifeste pas un enthousiasme (atavisme familial ?) pour y aller, DSK est très populaire…. à droite ! Aujourd’hui François Hollande sait qu’il peut mener sereinement une bataille à laquelle il est bien préparé. Il maitrise ses dossiers, c’est un orateur hors pair (il a hérité ce talent de Mitterrand), il incarne une social démocratie de gauche capable de rassembler les nombreuses familles de la gauche. Curieusement c’est lui l’héritier de Jacques Delors et non pas Martine Aubry.

2 commentaires:

Dymbi a dit…

je ne sais pas si je suis sur le bon site pour dire une petite chose à monsieur F. Holland, mais j'espère qu'il lira mon message.

Je ne suis pas un militant socialiste mais j'ai suivi les débats des primaires comme nombres de français. Toute fois une chose m'agace quand j’entends dire à Mr. Holland qu'il n'a pas une expérience gouvernementale. Pour ma part, je ne vois en aucun cas ce manque comme un handicap. Car si l'on devait raisonner selon cette logique, alors ça ne sert à rien de se présenter aux élections présidentielles, vu qu'aucun des candidats des primaires n'a été auparavant président de la république, donc non expérimenté! En toute logique alors, notre président actuel, Mr. N.Sarkozy n'a qu'a reconduire son mandat présidentiel sans même se présenter aux élections puisqu'il est le seul à bénéficier d'une telle expérience.
C'est comme si l'on disait à un nourrisson, tu ne marcheras pas car tu n'a aucune expérience de la marche et de ce qu'est la position debout. On peut faire un autre parallèle avec un primo-bachelier et un redoublant de la terminale, alors que l'expérience nous montre que les meilleures mentions sont souvent obtenues par ceux qui passent leur bac pour la première fois. Et les exemples sont nombreux. Pour finir, j'encourage Mr. Holland à s’affermir d'avantage et à ne pas rougir du fait qu'il n'a pas été ministre. par ailleurs le rigide se se brise et le souple s'adapte. Bon vent Mr. Holland.

les heures... les jours....les années a dit…

Merci pour ce commentaire, bien sûr François Hollande ne se laisse pas "démonter" par cette remarque dont vous démontez parfaitement l'incohérence.

cordialement