Depuis bien longtemps (mai 68?) les milieux culturels n'avaient été autant agités et mobilisés contre le gouvernement. Etat des lieux dans un climat particulièrement tendu.
Dès réception de la lettre de mission de Nicolas Sarkozy à Mme Albanel à la fin de l’été 2007, le sort de la politique culturelle de ce gouvernement était scellé.
Un mot … un terrible mot avait été lâché : « l’obligation de résultat ».
Cette lettre avait suscité moult commentaires dans des milieux peu enclins à la culture du résultat, ou du moins tout dépendait de ce que l’on voulait bien mettre dans le mot résultat.
Il y avait tout de même, à l’instar des cabinets d’audit, de curieux indicateurs censés mesurer l’action de la Ministre de la Culture : la fréquentation des musées rendu gratuit, le nombre de téléchargement illégaux etc…
Une contre lettre de mission avait été rédigée et rendue publique par d’éminents artistes et acteurs, militants et professionnels de la culture tels que : Jean-Gabriel Carasso, auteur, Eric Fourreau, directeur des éditions de l’Attribut, Robin Renucci, comédien, Cécil Guitart, maire-adjoint de Grenoble, Jean-Claude Lallias, professeur de lettres, Alain Lievaux, directeur du CRL Centre, Philippe Meirieu, Professeur à l’université de Lyon, Catherine Dasté, metteur en scène, Marc Le Glatin, comédien, directeur du Théâtre de Chelles, Jean-Sébastien Steil, chargé de diffusion européenne en arts de la rue.
Mais aujourd’hui par delà la polémique et le commentaire composé autour de cette missive les faits, des faits bien réels commencent à pointer le bout de leur nez :
- le gel de crédits suivi d’une « annonce » de 34 M d’euros à l’occasion des Entretiens de Valois qualifiés de « nouveaux » qui au final ne sont que le rétablissement de crédits votés….magie du tour de passe passe, en attendant dans les régions : les orchestres, les compagnies, les scènes nationales voient leur moyens de leur fonctionnement amputés,
- les professionnels de l’audiovisuel se voient remis en cause sans concertation préalable par l’annonce brutale de la suppression de la publicité dans l’audiovisuel public et l’annonce d’aucune garantie quant à leurs nouvelles sources de financement,
- de son côté la SRF (Société des Réalisateurs Français) publiait son « avis de tempête » face au projet du gouvernement de privatiser le CNC,
- les acteurs du spectacle vivant se voient, eux, convoqués au ministère pour des entretiens dit de Valois où le Ministre annonce la « fin d’un cycle », dixit, déjà la lettre de Sarkozy avait bien fait comprendre que les années Malraux étaient finies, cette fois dehors les années Lang ! Ces prétendus états généraux se voient assignés l’obligation de résultats pour fin Juin ! Comme s’il était possible de redéfinir les contours de l’action publique (Etat/collectivités territoriales) dans le domaine du spectacle vivant dans un pareil délai
- enfin cerise sur le gâteau la fameuse RGPP (les administrations n’ont plus que ce mot là à la bouche), la révision générale des politiques publiques appliquées au Ministère de la culture, fait que les remous face aux différentes refontes administratives envisagées en administration centrale mais aussi dans les DRAC (Directions Régionales des Affaires culturelles) mettent à la rue près de mille agents du ministère pour protester sur l’affaiblissement des moyens qui en résultent.
- d’ailleurs le Président a prévenu dans sa lettre : « Nous insistons sur le fait qu'un bon ministre ne se reconnaîtra pas à la progression de ses crédits, mais à ses résultats et à sa contribution à la réalisation du projet présidentiel, y compris sur le plan financier », il faut le lire pour le croire !
- Les intermittents de leur côté n’en finissent plus de voir le bout du tunnel de la refonte du mode de calcul de leurs indemnités. On attend toujours une action virulente de moralisation de l’usage fait du statut « intermittent » par les sociétés de production, voir les chaines de télévisions …
- Autre appel qui signale le désarroi des mouvements d’éducation populaire dans leur rapport à la culture, celui signé par les CEMA (Centres d’Entraînement aux Méthodes d’Éducation Active), la Confédération nationale des Foyers ruraux (FNFR), la Fédération Française des maisons des jeunes et de la culture (FFMJC), la Fédération Nationale Léo Lagrange (FNLL), la Ligue de l’enseignement, ou encore Peuple et Culture, qui déclarent suspendre leurs travaux tant que le Conseil national Éducation populaire Culture n’aura pas été réuni sous la présidence du Ministre de la Culture et de la Communication ». Réponse du ministre toutes ces importantes fédérations n’ont pas été conviées aux Entretiens de Valois.Incroyable, mais vrai !
- Enfin la mission Olivennes qui annonce un nouveau texte répressif à l’égard des internautes qui téléchargeraient illégalement sur les réseaux Internet des œuvres musicales ou audiovisuelles comme tout propos et fin de non recevoir sur les enjeux considérables qui se trament dans les nouvelles technologies. Au passage la commission Attali dans sa proposition 57 assassine les recommandations de la mission Olivennes et préconise l’instauration d’une licence globale pour compenser les pertes de la filière culturelle sur Internet. Qui a raison ?
Bref ….si un cycle est clos, le nouveau s’annonce sous les auspices de la précipitation (Mission Olivennes, Entretiens de Valois, lettre de mission de la Ministre avec évaluation au bout d’une année c'est-à-dire fin août de cette année, à savoir dans 6 mois !!), la baisse des crédits, la réduction des effectifs, un enfermement quantitatif dans des indicateurs approximatifs (d’un point de vue économique) de l’action culturelle et surtout un sens du dialogue très particulier et surtout très sélectif.
Personne ne peut nier la nécessité d’engager de profondes réformes dans la culture comme ailleurs, et jamais un milieu n’aura été aussi ouvert au dialogue et à la réflexion mais pas comme cela, sur ce ton, avec ces mots et cette brutalité.
Certes on pourra toujours classer cette agitation sous la rubrique des archaïsmes et conservateurs qu’aime tant fustiger Nicolas Sarkozy… « la sortie » sera facile et pour autant rien n’aura avancé.
Je me souviens de la loi de mai 85, dite « loi Lang » qui instaurait les droits voisins et le principe de la copie privée pour répondre au problème des copies d’œuvres sur les magnétophones et les magnétoscopes, l’affaire était compliqué les points de vues des principaux intéressés très divergents… les discussions ont durées près de trois années et la loi a été voté à l’unanimité à l’Assemblée nationale. Un modèle du genre !
Dès réception de la lettre de mission de Nicolas Sarkozy à Mme Albanel à la fin de l’été 2007, le sort de la politique culturelle de ce gouvernement était scellé.
Un mot … un terrible mot avait été lâché : « l’obligation de résultat ».
Cette lettre avait suscité moult commentaires dans des milieux peu enclins à la culture du résultat, ou du moins tout dépendait de ce que l’on voulait bien mettre dans le mot résultat.
Il y avait tout de même, à l’instar des cabinets d’audit, de curieux indicateurs censés mesurer l’action de la Ministre de la Culture : la fréquentation des musées rendu gratuit, le nombre de téléchargement illégaux etc…
Une contre lettre de mission avait été rédigée et rendue publique par d’éminents artistes et acteurs, militants et professionnels de la culture tels que : Jean-Gabriel Carasso, auteur, Eric Fourreau, directeur des éditions de l’Attribut, Robin Renucci, comédien, Cécil Guitart, maire-adjoint de Grenoble, Jean-Claude Lallias, professeur de lettres, Alain Lievaux, directeur du CRL Centre, Philippe Meirieu, Professeur à l’université de Lyon, Catherine Dasté, metteur en scène, Marc Le Glatin, comédien, directeur du Théâtre de Chelles, Jean-Sébastien Steil, chargé de diffusion européenne en arts de la rue.
Mais aujourd’hui par delà la polémique et le commentaire composé autour de cette missive les faits, des faits bien réels commencent à pointer le bout de leur nez :
- le gel de crédits suivi d’une « annonce » de 34 M d’euros à l’occasion des Entretiens de Valois qualifiés de « nouveaux » qui au final ne sont que le rétablissement de crédits votés….magie du tour de passe passe, en attendant dans les régions : les orchestres, les compagnies, les scènes nationales voient leur moyens de leur fonctionnement amputés,
- les professionnels de l’audiovisuel se voient remis en cause sans concertation préalable par l’annonce brutale de la suppression de la publicité dans l’audiovisuel public et l’annonce d’aucune garantie quant à leurs nouvelles sources de financement,
- de son côté la SRF (Société des Réalisateurs Français) publiait son « avis de tempête » face au projet du gouvernement de privatiser le CNC,
- les acteurs du spectacle vivant se voient, eux, convoqués au ministère pour des entretiens dit de Valois où le Ministre annonce la « fin d’un cycle », dixit, déjà la lettre de Sarkozy avait bien fait comprendre que les années Malraux étaient finies, cette fois dehors les années Lang ! Ces prétendus états généraux se voient assignés l’obligation de résultats pour fin Juin ! Comme s’il était possible de redéfinir les contours de l’action publique (Etat/collectivités territoriales) dans le domaine du spectacle vivant dans un pareil délai
- enfin cerise sur le gâteau la fameuse RGPP (les administrations n’ont plus que ce mot là à la bouche), la révision générale des politiques publiques appliquées au Ministère de la culture, fait que les remous face aux différentes refontes administratives envisagées en administration centrale mais aussi dans les DRAC (Directions Régionales des Affaires culturelles) mettent à la rue près de mille agents du ministère pour protester sur l’affaiblissement des moyens qui en résultent.
- d’ailleurs le Président a prévenu dans sa lettre : « Nous insistons sur le fait qu'un bon ministre ne se reconnaîtra pas à la progression de ses crédits, mais à ses résultats et à sa contribution à la réalisation du projet présidentiel, y compris sur le plan financier », il faut le lire pour le croire !
- Les intermittents de leur côté n’en finissent plus de voir le bout du tunnel de la refonte du mode de calcul de leurs indemnités. On attend toujours une action virulente de moralisation de l’usage fait du statut « intermittent » par les sociétés de production, voir les chaines de télévisions …
- Autre appel qui signale le désarroi des mouvements d’éducation populaire dans leur rapport à la culture, celui signé par les CEMA (Centres d’Entraînement aux Méthodes d’Éducation Active), la Confédération nationale des Foyers ruraux (FNFR), la Fédération Française des maisons des jeunes et de la culture (FFMJC), la Fédération Nationale Léo Lagrange (FNLL), la Ligue de l’enseignement, ou encore Peuple et Culture, qui déclarent suspendre leurs travaux tant que le Conseil national Éducation populaire Culture n’aura pas été réuni sous la présidence du Ministre de la Culture et de la Communication ». Réponse du ministre toutes ces importantes fédérations n’ont pas été conviées aux Entretiens de Valois.Incroyable, mais vrai !
- Enfin la mission Olivennes qui annonce un nouveau texte répressif à l’égard des internautes qui téléchargeraient illégalement sur les réseaux Internet des œuvres musicales ou audiovisuelles comme tout propos et fin de non recevoir sur les enjeux considérables qui se trament dans les nouvelles technologies. Au passage la commission Attali dans sa proposition 57 assassine les recommandations de la mission Olivennes et préconise l’instauration d’une licence globale pour compenser les pertes de la filière culturelle sur Internet. Qui a raison ?
Bref ….si un cycle est clos, le nouveau s’annonce sous les auspices de la précipitation (Mission Olivennes, Entretiens de Valois, lettre de mission de la Ministre avec évaluation au bout d’une année c'est-à-dire fin août de cette année, à savoir dans 6 mois !!), la baisse des crédits, la réduction des effectifs, un enfermement quantitatif dans des indicateurs approximatifs (d’un point de vue économique) de l’action culturelle et surtout un sens du dialogue très particulier et surtout très sélectif.
Personne ne peut nier la nécessité d’engager de profondes réformes dans la culture comme ailleurs, et jamais un milieu n’aura été aussi ouvert au dialogue et à la réflexion mais pas comme cela, sur ce ton, avec ces mots et cette brutalité.
Certes on pourra toujours classer cette agitation sous la rubrique des archaïsmes et conservateurs qu’aime tant fustiger Nicolas Sarkozy… « la sortie » sera facile et pour autant rien n’aura avancé.
Je me souviens de la loi de mai 85, dite « loi Lang » qui instaurait les droits voisins et le principe de la copie privée pour répondre au problème des copies d’œuvres sur les magnétophones et les magnétoscopes, l’affaire était compliqué les points de vues des principaux intéressés très divergents… les discussions ont durées près de trois années et la loi a été voté à l’unanimité à l’Assemblée nationale. Un modèle du genre !
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